Powered By Blogger

vendredi 21 juin 2013

LISONS AFIN DE CONNAÎTRE TOUTE LA VÉRITÉ.

Message de Jean-Maurice DEHOUSSE


20 juin (Il y a 1 jour)

Chères Amies,
Chers Amis,
Chers Camarades,

           Voici longtemps, me semble-t-il, que nous n’avons plus
communiqué politiquement par ce Ring informatique.

           Ce n’est pas que je sois devenu plus paresseux (du moins
je le crois) mais tout est devenu un peu plus difficile pour moi.  Et
surtout beaucoup plus long.

           Pourtant, mon intérêt pour les choses politiques ne
faiblit pas.  On pourrait presque dire : bien au contraire.

           Et ce ne sont pas les sujets qui manquent, notamment parce
que je vois, j’écoute, je lis, bien des choses inexactes ou même
tendancieuses.

           Ainsi, par exemple, tant de gens parlent d’emploi,
notamment pour les jeunes, mais sans jamais concevoir qu’il existe en
la matière un paramètre important : la productivité.  Et qu’en
Wallonie, c’est un des points qui attirent les investisseurs.

           Tous les jours sans exception, j’entends dire et redire
que « le travailleur wallon coûte cher ».  Mais jamais personne ne
trouve utile de rappeler que, par la volonté de l’Etat-Belgique (comme
disait José HAPPART), l’énergie coûte bien plus cher chez nous que
dans les Etats qui nous entourent.

Troisième et dernier exemple.  « Nous perdons des parts de marché ».
C’est ce que RTL et la RTBF répètent à l’unisson.  Pour les Belges.
Mais c’est aussi ce qui se martèle, sur tous les canaux de France (et
de Navarre) pour les Français (et les Françaises).

Mes amis, nous assistons à un phénomène historique de première
importance (et tout le monde le sait) : l’émergence de la Chine.
Qu’est-ce que cela veut dire, « l’émergence » ?  Que d’année en année,
la Chine (1 Milliard 354 Millions – population estimée 2013 – contre
791 Millions pour le continent européen, soit près du double, et plus
d’un cinquième à elle seule de la population mondiale) prend une part
de plus en plus conséquente dans le commerce international.  Mais,
quelle que soit  la grosseur du gâteau (et je ne dis rien de sa
saveur), la plus belle pâtisserie du monde ne comporte jamais que 100
%.  Ainsi en va-t-il du commerce, qu’il soit ou non en croissance.

Si la Chine « émerge », c’est, je le répète, qu’elle prend d’année en
année une part de plus en plus importante des échanges commerciaux.
Donc, inévitablement, que les autres (dont la France et nous, et
d’ailleurs aussi la Grande-Bretagne et même l’Allemagne) ont des parts
de plus en plus petites.

Travailler ou non le lundi de Pentecôte n’y peut rien changer.  Ni non
plus les baisses de salaires et des allocations qu’on vous propose
avant de nous les imposer.

Croyez-vous un seul instant que, si on diminuait en Wallonie ou même
en Belgique les salaires par deux, nous pourrions de ce seul fait
compenser la croissance chinoise ?  Evidemment non.

Alors, à quoi joue-t-on ?

C’est une question qui inspire une longue méditation avant les
élections qui s’annoncent, en particulier pour 2014.

Pour ces élections, et même si les législatives venaient à être
avancées en Belgique, on retrouverait les européennes.

Vous en entendrez parler.

Et je vous dis tout de suite, douze mois avant la semaine des votes,
que la grande question ne sera pas, l’année prochaine, qui a gagné.

La grande question sera de savoir si les votants restent plus nombreux
que les abstentionnistes et les absents, ce qui n’est pas sûr.  C’est
dire à quel degré d’avilissement nous arrivons.

A cet égard, beaucoup d’entre nous n’ignorent pas que, si j’ai
participé d’abord avec mon père à la création des alliances
européennes de l’après-guerre, j’ai commencé à dire mes inquiétudes
lorsque, siégeant au Parlement Européen en 2003 et 2004, j’ai
découvert le breuvage empoisonné qu’on voulait nous faire avaler, et
que l’on appelait « la Constitution Européenne ».

La Belgique se caractérisant alors, y compris le Parlement Wallon, par
le rejet de la discussion publique (en refusant par exemple
d’entendre, parmi des experts non parlementaires, le Président de la
Centrale Générale des Services Publics).

En Belgique francophone, le premier débat public télévisé a eu lieu
après le vote du Sénat : c’est tout dire.

C’est l’époque où j’ai parcouru la France, du Nord au Sud et d’Est en
Ouest, pour y prêcher la bonne parole du NON.

Je reste très fier d’avoir été à ce moment, à l’appel des amis
français, « le grognard de la République ».

Si j’ai compté seulement pour la millionième partie du NON du peuple
français, alors j’ai tout ce que j’ai souhaité obtenir.

Mais les choses ne se sont pas arrêtées là.

Moi non plus.

Invité à la fin de l’année dernière, par le magazine belge Le
Vif/L’Express, à écrire une « lettre au Roi Albert II », à l’image du
célèbre exemple de Jules DESTREE en 1912, j’ai cru pouvoir et devoir
accorder, malgré mon attachement viscéral à la Wallonie, la totalité
de l’espace qui m’était réservé à la problématique européenne.

Voici ce que j’écrivais alors (1) - - il y a six mois :


LETTRE  AU  ROI

SIRE, CHANGEZ l’EUROPE, CHANGEZ D’EUROPE


« Sire,

Cent ans après la lettre ouverte adressée par Jules DESTREE à votre
grand-père, la Wallonie crie toujours.

Mais c’est sur un nouveau danger que je veux attirer votre attention
car peu de commentateurs osent en parler : le dérapage de l’Union
Européenne.

Celle-ci, créée pour établir en Europe une société plus juste, se
retourne aujourd’hui contre les peuples qui l’ont fondée et nous
plonge dans une descente aux enfers en créant un désordre social sans
nom.

L’Union Européenne s’est rigoureusement abstenue de réglementer  la
circulation des capitaux et a embrassé la mondialisation, organisant
par là les délocalisations industrielles.  Elle s’est mise aussi sous
la coupe des multinationales et des groupes financiers occultes.

Elle a généralisé la privatisation, combattu les services publics qui
sont les garde-fous des défavorisés au lieu d’établir de grands
services publics européens,  liquidé le traité Euratom en nous
laissant à la fois sans défense devant les dangers du nucléaire et
dépourvus de toute politique de l’énergie.

Par-dessus tout, elle a engendré un peuple de chômeurs qui dépasse
aujourd’hui les vingt millions et dont le nombre grandit chaque jour.

Elle  s’est aventurée à créer une monnaie dont chacun peut voir qu’au
lieu de nous enrichir, elle nous appauvrit.

L’Europe de la cupidité a remplacé l’Europe de l’espérance et l’Union
n’arrête pas de rendre les riches plus riches et les pauvres plus
pauvres.

De plus, l’Union veut aujourd’hui empêcher les élus directs de voter
les budgets, ce qui l’écarte toujours plus des exigences
démocratiques.

Sire, il faut stopper ce désastre.  Ne pas ouvrir rapidement des
chantiers de réformes, c’est nourrir les pires révoltes, comme dans
les années trente.

Changez l’Europe, Sire, et changez d’Europe, en revenant aux trois
valeurs fondamentales de toute société moderne : LIBERTE, EGALITE,
SOLIDARITE. »


(1)  Le Vif/L’Express  - 14/12/2012

*      *     *     *     *


A nouveau le temps a passé, les problèmes sont devenus plus pressants.
Voici quelques jours à peine, la Commission de l’Union Européenne a
envoyé à tous
les Gouvernements des Etats Membres une série de recommandations et
de mises en demeure sur la situation budgétaire (que la même
Commission a largement contribué à rendre très mauvaise par les
politiques économiques ineptes qu’elle s’obstine à défendre - - et à
imposer).

Je n’ai pas pu assister sans broncher à cette nouvelle escalade.

Et j’ai réagi en rendant public un communiqué de presse.  Ce
communiqué a été dûment envoyé aux médias.  Mais Joseph COPPE,
Jean-Pierre VANDERMEUSE, Jacques GUYAUX, Jean GUY et les autres grands
éditorialistes qui faisaient jadis la presse wallonne sont morts, tout
comme ont disparu aussi leurs journaux.

Sous le règne de la pensée unique, je ne suis pas particulièrement
surpris du silence qui a été minutieusement observé.  Je ne suis pas
non plus étonné de constater que, malgré cette politique du silence,
l’information commence à percer quand même par le truchement des
relais informatiques.

Aussi bien, les médias ne prévoyaient pas non plus le refus du peuple
français en 2004 (et pas davantage le refus du peuple hollandais (2) à
la même époque).

C’est pourquoi, pour gagner la bataille du référendum de 2004, nous
nous sommes pleinement servis des possibilités qu’offrait désormais
l’informatique.

(2)   Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou mortes est
purement fortuite.



Dans le même esprit, je vous livre aujourd’hui mon analyse (3) :


L’UNION EUROPÉENNE ET L’AGE DE LA PENSION


           Jean-Maurice DEHOUSSE,
ancien Ministre, ancien Bourgmestre de Liège,
ancien Député Européen et ancien Vice-Président du groupe socialiste
du Parlement Européen,
a pris connaissance de la prise de position que la Commission
Européenne vient d’adresser au Gouvernement Belge, et a décidé de
publier le communiqué de presse suivant :


« La recommandation insistante faite par la Commission Européenne au
Gouvernement Belge et demandant un nouveau recul de l’âge de la
pension est insultante mais révélatrice, inacceptable mais exemplaire.

Elle est insultante pour les femmes belges, dont la carrière a été
augmentée, voici peu, de cinq années complètes suite à une décision de
la Cour de Justice des Communautés Européennes.

Elle est révélatrice parce qu’elle exhibe au grand jour la société à
deux vitesses dont l’Union Européenne est devenue le moteur.  La
Commission se soucie énormément de la rigueur budgétaire mais elle ne
s’inquiète nullement du fait que le principe « à travail égal, salaire
égal » n’a toujours pas sorti tous ses effets après un demi-siècle de
prêchi-prêcha.

Par ailleurs, la position de la Commission Européenne est inacceptable
quand on sait que cette même Commission, voici quelques mois à peine,
a procédé à la mise à la pension anticipée d’un large paquet de
fonctionnaires issus des anciens Etats Membres pour des raisons
purement politiques, à savoir le recrutement de fonctionnaires venus
des nouveaux Membres, et ce à un âge vastement inférieur à celui qui
existe aujourd’hui en Belgique.

Comme quoi, il est plus facile de donner des conseils de vertu aux
autres que de les suivre soi-même.

Force est dès lors de constater que la recommandation de la Commission
est, tant pour les hommes que pour les femmes, exemplaire des
errements d’une Union technocratique qui a toujours été marquée par un
déficit démocratique qui est allé grandissant et qui s’attaque
maintenant aux fondements mêmes des démocraties parlementaires des
Etats Membres.

La recommandation démontre ainsi combien les craintes et les refus de
la Grande-Bretagne sont fondés, et combien la construction de l’Union
que nous avons voulue comme libératrice et progressiste a échappé à
ses créateurs et est devenue nocive et perverse.

Les recommandations formulées avec la même impudence à l’égard
d’autres Etats, notamment la France et le Luxembourg, démontrent au
surplus que, si l’on suit la Commission, l’indexation suivra.

Nul ne peut donc plus ignorer que la Commission Européenne met
délibérément et dangereusement en cause la paix sociale.

Ceux qui refuseront de résister aujourd’hui se préparent déjà à céder
demain.

Oui, une construction européenne est évidemment plus nécessaire que
jamais mais pour forger un avenir meilleur et non pour asservir les
peuples et les personnes ».


(3)  Communiqué de Presse du 31/05/2013


*      *     *     *     *



Et je vous fais juges de cette même analyse, ce que le silence permet d’éviter.

Certains me trouveront excessif, comme d’habitude.

En 1973, j’étais aussi le seul parlementaire belge membre de la
Commission spéciale de la Chambre à réclamer impérativement que les
Régions belges à créer soient dotées (comme nos Communautés
culturelles) du pouvoir de modifier la loi.  Même François PERIN se
satisfaisait alors, pour les Régions, d’un simple pouvoir
réglementaire.

Sept ans plus tard (un peu plus de deux mille jours), les lois de
1980, à la rédaction desquelles j’ai évidemment pris part, ont
pleinement répondu à mon souci.  Et elles ont été votées à la majorité
constitutionnelle des deux tiers des membres dans les deux Chambres.

Aujourd’hui, j’attends dans la même sérénité le jugement de l’avenir.

Je vous salue toutes et tous, sans exception, et plus que jamais je vous
écris

                                  SALUT  ET  FRATERNITE.


Jean-Maurice DEHOUSSE


Dernières nouvelles

           Chaque jour qui passe amène des nouvelles qui confirment l’analyse.

           Celle qui tombe aujourd’hui 12 juin est particulièrement
grave, aussi je vous la livre brute, quelques heures après sa
révélation.


           « Chers tous,

           Voici les dernières nouvelles, gravissimes, de Grèce :

           Le Gouvernement, se conformant ainsi aux ordres de la
Troïka (4), a procédé soudainement  [[mardi soir  JMD]], par simple
décision ministérielle ayant force de loi, à la fermeture de la Radio
Télévision Publique de Grèce.

           Leur objectif officiel : conformément aux instructions de
la Troïka, qui a fait remarquer que l’assainissement du secteur public
avait pris trop de retard (les 2.000 licenciements prévus
immédiatement n’ayant pas tous été effectués), permettre le
licenciement de TOUS les journalistes et autres personnels dont le
statut était, jusqu’aujourd’hui, celui de fonctionnaires ou assimilés,
à compter de la publication de la décision, lire : immédiatement.


           En pratique, il s’agit d’un coup d’état (car la décision
ministérielle ayant force de loi) qui met en péril la liberté
d’information inscrite dans la Constitution Hellénique ».

(4)  Groupe officieux présent en Grèce et composé de représentants de
la Commission Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds
Monétaire International (F.M.I.).


      Marie-Laure VEILHAN sur Médiapart.


*      *     *    *     *



           Ainsi, non seulement c’est en notre nom que l’on continue
à assassiner la Grèce, mais aujourd’hui c’est en notre nom qu’on y
installe de nouveaux colonels.

           Au mépris non seulement de la Constitution grecque mais en
violation caractérisée de la Convention Européenne des Droits de
l’Homme.

           Je redis aujourd’hui ce que je n’ai cessé de répéter
depuis des mois : ce que nous laissons faire à la Grèce, ne nous
étonnons pas de nous le voir appliquer à nous-mêmes dans l’avenir.

           Il y a eu en Europe d’autre cas où les Gouvernements qui
se disaient légitimes étaient en fait strictement dominés par des
forces extérieures.

           En France, le cas le plus illustre est celui du
Gouvernement de Vichy.

           Qui parlera ce soir à la B.B.C. ?


                        J.M.D.

P.S. :   Le porte-parole du Pasok (Parti Socialiste grec) a fait
savoir que les deux ministres socialistes, comme les deux ministres de
la Gauche Démocratique, avaient refusé de signer le décret et que le
Pasok en exigeait le retrait immédiat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire