Nous vous l’expliquions hier : l’attaché de presse de stars et élu MR à Woluwe-Saint-Lambert, Emmanuel Deroubaix, est au centre d’une polémique, accusé d’avoir tenu des propos méprisants à l’égard des personnes handicapées.
Le journaliste de la RTBF François Colinet, se déplaçant lui-même en chaise roulante, accuse l’homme d’avoir eu une réaction totalement déplacée à son égard. Selon lui, dans le cadre d’une demande d’interview, Deroubaix lui aurait posé la question de savoir s’il était «handicapé ou journaliste» et lui aurait dit que si les loges n’étaient pas accessibles pour lui, ce n’était pas son problème.
«Être en chaise roulante ne donne pas plus de droits»
Contacté, Emmanuel Deroubaix a vivement nié avoir tenu ces propos, en accusant le journaliste en question de vouloir nuire à sa réputation tout en insistant sur le fait qu’une personne en chaise roulante n’a pas moins de droits que les autres, mais pas plus non plus. Après plusieurs heures et après que François Colinet ait réaffirmé ses dires, Emmanuel Deroubaix a finalement présenté ses excuses aux personnes qui auraient pu être choquées par les propos lui ayant été prêtés et qu’il réfute toujours.
« On peut être journaliste ET handicapé »
Ce matin, c’est au tour de Christophe Bourdon d’exprimer son mépris vis-à-vis de cette manière de mettre les personnes handicapées de côté. Avec l’ironie qui le caractérise, le chroniqueur de la RTBF a tenu à expliquer à Emmanuel Deroubaix dans une lettre ouverte qu’il était possible d’être journaliste ET handicapé.
Après l’avoir remercié de traiter les personnes valides et invalides de la même manière, Bourdon s’attaque à définir la notion d’empathie en critiquant les nouvelles justifications de l’élu bruxellois et sa propre manière de réaliser son métier d’attaché de presse. Il conclut sa lettre par une citation qui ne laisse aucun doute sur ce qu’il pense de l’homme : «Allez, je vous laisse sur cette pensée d’Albert Einstein, Monsieur Deroubaix: «Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine. Mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.»»
Si la polémique a enflamé la toile hier, celle-ci risque de ne pas se calmer dans les jours à venir.
La lettre ouverte de Christophe Bourdon à Emmanuel Deroubaix

Cher Monsieur Deroubaix,
je vous avoue que j’ai hésité avant de vous écrire cette petite bafouille, car je sais qu’en bien ou en mal, le plus important à vos yeux est que l’on parle de vous...
En temps normal, je vous aurais donc traité comme vous traitez la majorité des journalistes qui sont obligés de collaborer avec vous. Avec mépris.
Oui, pour être totalement honnête (je vous expliquerai ce que cela veut dire...) je dois préciser que j’ai déjà eu affaire à vous. Je ne suis donc pas totalement objectif. Sans rentrer dans les détails, quand je travaillais pour le journal La Meuse, je vous avais en effet demandé une interview de Benabar pour la locale namuroise. Vous me l’aviez alors refusée, me disant que j’écrivais pour une feuille de chou que personne ne lisait. Eh oui, déjà ce sens inné de la communication et du respect du travail des autres qui vous caractérise.
Mais bon, au risque de me répéter, le mépris, c’est votre fond de commerce, comme vous venez encore de le démontrer en refusant une fois de plus une interview à un collègue (je précise que je ne le connais pas personnellement).
Ce qui fait scandale, c’est que ce collègue est en chaise roulante. Et ça, ça la fout mal.
Eh bien, vous savez quoi, Monsieur Deroubaix? Si je vous écris, c’est pour prendre votre défense. Si, si! Car pour moi, un homme qui traite avec le même dédain et la même arrogance journalistes valides et invalides mérite toute mon admiration. Vous êtes le Omar Sy des attachés de presse!
Maintenant, il y a quand un truc qui me chipote un peu, je vous l’avoue.C’est cette phrase que vous lui auriez dite: «Vous êtes journaliste ou vous êtes handicapé?»
Cher Monsieur Deroubaix, sachez que l’on peut être journaliste ET handicapé. Comme certains peuvent être attaché de presse ET politicien. Les deux ne sont pas incompatibles. Il faut juste savoir faire preuve d’empathie. Eux... Je parle de la personne handicapée et journaliste, hein!
Pour le mot «empathie», je vous expliquerai ce que cela veut dire...
Depuis, vous vous êtes justifié dans la presse en disant de ce collègue, je vous cite «C’est juste un mauvais joueur qui profite de son handicap à des fins de vengeance.» Waouw! Il est donc journaliste, handicapé, mais aussi profiteur et revanchard! Manquerait plus qu’il soit noir, dis donc.
C’est de l’humour, hein, Monsieur Deroubaix. Je vous expliquerai un jour ce que cela veut dire...
Notez, si moi aussi j’avais comme lui la chance rare d’être en chaise roulante, c’est clair que j’en profiterais à fond. Champagne!
Et là, vous ajoutez, je vous cite toujours «S’il n’est pas en mesure de faire son travail de journaliste, ce n’est pas à moi de prendre des dispositions particulières».
Dites, Monsieur Deroubaix, je me pose une bête question (car les journalistes ne posent que de bêtes questions, vous en conviendrez). Votre boulot d’attaché de presse, c’est de servir de lien entre un journaliste et un artiste, c’est bien ça?
Dans le cas présent, mon collègue voulait interviewer l’imitatrice québécoise Véronic Dicaire. Puisque vous la représentez, j’en déduis donc qu’elle vous a dit «Tabernacle mon Emmanuel! Il est hors de question que je me déplace pour répondre aux questions de ce type qui n’est pas capable de gravir trois marches avec sa chaise roulante».
Il faudra que j’en parle à votre ami Franck Dubosc, tiens. Après tout, il vous a soutenu publiquement lors de votre récente candidature aux élections communales. Oui parce que figurez-vous que Franck Dubosc, ben il est le parrain du prochain Téléthon. Vous savez, ce truc rempli de gens en chaise roulante qui profitent de leur handicap pour se montrer à la télévision.
Allez, je vous laisse sur cette pensée d’Albert Einstein, Monsieur Deroubaix: «Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine. Mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue.»
Christophe Bourdon